SANTé ET SéCURITé AU TRAVAIL 

DE LA PRÉVENTION À LA PRISE EN SOINS:
UNE VISION GLOBALE DE LA SANTÉ EN ENTREPRISE.
INTERVIEW DE FRANÇOISE WYLER
ET BÉRÉNICE MATHEZ,
INFIRMIÈRES SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL.

Quels changements impactant la santé au travail avez-vous constatés au sein des CMS ?

Depuis les années 2000, le nombre de clients a triplé. En plus de ce facteur, la complexité des situations augmente les risques professionnels des collaborateurs-trices. Ils ont dû, entre autres, s’adapter à de nouveaux outils de communication, à des changements organisationnels et des modifications de leur rôle. Ainsi, avant l’introduction des nouveaux outils mobiles, le personnel de terrain avait davantage d’opportunités de se rencontrer au CMS pour échanger sur son travail. 

Comment agissez-vous pour promouvoir la santé communautaire au travail ?

La spécificité de la santé communautaire, comme son nom l’indique, est une approche collective et non individuelle. Afin de promouvoir le plus haut degré de bien-être physique et psychique au travail, nous devons préalablement identifier les facteurs de risques et les ressources existantes. La mise en place de mesures de promotion de la santé suppose la connaissance des besoins tant individuels qu’institutionnels.
Parmi les facteurs nécessitant une action de prévention et reconnus comme influençant l’absentéisme, on peut citer la pénibilité de l’activité, le sentiment de manque de reconnaissance, le stress et les problèmes de communication.

Quel est votre rôle dans ce cas précis ?

Dans le cas de l’absentéisme, notre rôle est pluriel.  Un de nos objectifs est le maintien du lien entre les collaborateurs-trices absent-e-s et l’institution. Nous mettons en place plusieurs mesures d’accompagnement individualisées en collaboration avec des partenaires internes et externes (responsable RH, supérieur hiérarchique, médecin du travail, office AI, assurance perte de gain, clinique du travail). En parallèle, nous analysons la ou les causes des absences. Nous sommes à disposition de chaque collaborateur-trice qui exprime le besoin d’une aide ponctuelle ou sur du long terme, et ce dans la plus stricte confidentialité. Nous cherchons à mobiliser les ressources de l’ensemble du personnel ainsi qu’à privilégier les facteurs protecteurs de la santé tels que le soutien de la hiérarchie et des collègues, la reconnaissance, la latitude décisionnelle et le maintien de l’équilibre vie privée / vie professionnelle.

Quelles sont les atteintes à la santé
les plus fréquentes ?

Les atteintes les plus fréquentes sont les troubles musculo-squelettiques, les épuisements professionnels, les maladies et les accidents. Nous prenons soin de les anticiper par des actions de prévention et de promotion de la santé. A titre d’exemple, nous avons mis en place un programme « gestes et postures » en collaboration avec les ergothérapeutes, un programme de protection de l’intégrité personnelle au travail, un accompagnement des collaborateurs-trices en absence longue durée, des évaluations ergonomiques des postes de travail, des vaccinations et des massages assis. Soulignons que la très grande majorité de nos collaborateurs atteints dans leur santé reviennent au travail grâce à l’effort d’adaptation de notre institution pour favoriser les conditions de leur retour.
Nous sommes convaincues de l’utilité de ces actions pour le maintien de la santé de l’ensemble du personnel tout au long de son parcours de vie dans l’institution. De même, nous encourageons une réflexion sur la santé au travail lors de tout changement organisationnel en tentant de concilier les besoins de l’institution et ceux du personnel.